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Motion Sculpture: Révélateur de mouvement

1ère partie: La photo nette

Lorsqu’on se forme à la photographie, il y a un certain nombre de règles à suivre en fonction des paramètres: la vitesse relative de l’objet, la focale, l’ouverture de l’objectif, la sensibilité du capteur, la distance entre le sujet et l’appareil, etc. On apprend à faire des photos nettes, fixes, figées. Une photo floue sera rarement considérée comme réussie. Nous sommes abreuvés tous les jours d’images ultra nettes, sans défauts, travaillées, améliorées, édulcorées.

Figer l’instant. figer le mouvement. C’est la bonne photo aujourd’hui. Un coureur à pied, un escrimeur, un saut en skateboard, un danseur, etc. C’est ce qu’on apprend et surtout ce à quoi nous sommes habitués, formatés. Du piqué, de la netteté.

N’est-il point réducteur de se limiter à un instant bref d’une chorégraphie de danse ou d’une performance d’athlète? Est-ce réellement montrer la performance et le travail d’un saut, ou d’une progression en ne capturant qu’un millième de seconde ce mouvement ou moins? L’acrobate en BMX qui fait un flip doit-il se limiter en photo à une image fixe la tête à l’envers? J’ai fait ce type de photo. Pourtant l’impression est qu’il manque une dimension à cette image: le temps.

BMX Skill'M'Sound Herblay 2016

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Le temps: tous nos sens ont besoin de cette dimension supplémentaire, sans laquelle ils ne s’expriment pas. Prenez nos cinq sens. Ont-il un sens sans évolution dans le temps?  L’odeur d’un plat serait-elle suffisante sur une durée d’un millième de seconde? frustrant non? Une symphonie serait-elle correctement représentée pas une seule note, même au moment le plus fort?

Notre œil a été habitué à cette réduction. Une danseuse suspendue dans les airs semble suffisamment représentative car nous ne jugeons pas le mouvement mais la position, la performance, la composition, la lumière, etc.

Au dernier salon de la photo à Paris, on continue la course à la rapidité des flashs. On atteint maintenant des temps de moins de 1/10000 de seconde à des prix « abordables ». De quoi rendre net des mouvements très rapides.

Autre exemple: l’image de la goutte qui rebondi dans l’eau. C’est aussi du vécu. Mais c’est un exercice peut être différent, on cherche à figer un instant dans sa chute. Ce qui est important dans cette image est le graphisme de la goute et de la surface, les couleurs, le reflets.

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Il n’y a pas de mouvement particulier sur la photo de la goutte qui tombe. Pas de chorégraphie, pas de progression particulière, flip, axel ou autre. Elle chute et rebondit.  La créativité ici est celle de la prise de vue et du rendu.

Prochaine partie: La décomposition