Motion Sculpture, en quelques mots
Motion Sculpture® est un procédé de prise de vue qui fait appel aux bases des techniques photographiques.
Il est particulièrement adapté aux mouvements en apportant un graphisme dynamique, une esthétique à un sujet en déplacement. Motion Sculpture est une seule prise de vue, sans trucage ni montage. De la lumière et un capteur photosensible en pose longue.
Si vous venez du MOOC « L’instant figé », n’hésitez pas à aller voir la galerie générale de Motion Sculpture ici et les galeries plus détaillées ici. Il y a également une page Facebook sur Motion Sculpture. Pour la partie histoire de la chronophotographie avec Marey et Muybridge, c’est sur cette page.
La vie, l’invisible, la grâce tout entière dans le mouvement fugace et harmonieux qui anime un corps qui danse… Peintres et sculpteurs ont dû puiser dans toutes les ressources de leur art pour capter cette beauté qui sans cesse passe et se dérobe.
À la poésie du mouvement de la danse, le sport répond par la recherche du geste parfait, fruit de l’effort et d’une maîtrise totale.
Afin de bien comprendre les étapes qui amènent à Motion Sculpture, je vous propose le cheminement suivant:
- La photo nette : la photo anti-mouvement
- La décomposition du mouvement
- L’utilisation du flou pour révéler le mouvement
- Ajout d’une vibration à ce flou pour donner une notion de vitesse
- Ajout de références fixes pour comprendre la photo : Le flash
- Puis un historique de la chronophotographie avec les précurseurs Marey et Muybridge
La photo nette
Lorsqu’on se forme à la photographie, il y a un certain nombre de règles à suivre en fonction des paramètres : la vitesse relative de l’objet, la focale, l’ouverture de l’objectif, la sensibilité du capteur, la distance entre le sujet et l’appareil, etc. On apprend à faire des photos nettes, fixes, figées. Une photo floue sera rarement considérée comme réussie. Nous sommes abreuvés tous les jours d’images ultra nettes, sans défauts, travaillées, améliorées, édulcorées.
La bonne photo aujourd’hui consiste à figer l’instant, figer le mouvement. Un coureur à pied, un escrimeur, un saut en skateboard, un danseur, etc. C’est ce qu’on apprend et surtout ce à quoi nous sommes habitués, formatés. Du piqué, de la netteté.
Nos appareils modernes ont un mode « Sport » qui privilégie la vitesse d’obturation aux dépens de la sensibilité du capteur ou de l’ouverture du diaphragme pour figer la scène. Ceci est extrêmement révélateur. Le mode « Sport » va donc supprimer le mouvement pour réaliser une image figée. Ne peut-on pas voir un contre-sens lorsque présenté ainsi ?
Les conseils des pros pour une photo nette sont de fixer l’ouverture (donc la profondeur de champ) ainsi que la vitesse de l’appareil et de laisser l’engin décider le la sensibilité du capteur. Nos capteur numériques modernes acceptent de plus en plus de passer dans des zones hautes en ISO (sensibilité) sans générer trop de bruit numérique (grain) sur le cliché.
N’est-il pas réducteur de se limiter à un instant bref d’une chorégraphie de danse ou d’une performance d’athlète ? Est-ce réellement montrer la performance et le travail d’un sportif sur une progression en ne capturant qu’un millième de seconde ce mouvement ou moins ? L’acrobate en BMX qui fait un flip doit-il se limiter en photo à une image fixe la tête à l’envers ? Avec ce type de photo, j’ai le sentiment qu’il manque une dimension importante à cette image : le temps.
La connaissance d’un mouvement implique la double notion de l’espace et du temps.
Le temps : tous nos sens ont besoin de cette dimension supplémentaire, sans laquelle ils ne s’expriment pas. Prenez nos cinq sens. Ont-ils un sens sans évolution dans le temps ? L’odeur d’un plat serait-elle suffisante sur une durée d’un millième de seconde ? frustrant non? Une symphonie serait-elle correctement représentée par une seule note, même au moment le plus fort ?
Notre œil a été habitué à cette réduction. Une danseuse suspendue dans les airs semble suffisamment représentative car nous ne jugeons pas le mouvement mais la position, la performance, la composition, la lumière, etc.
Au dernier salon de la photo à Paris, on continue la course à la rapidité des flashs. On atteint maintenant des temps de moins de 1/10000 de seconde à des prix « abordables ». De quoi rendre net des mouvements très rapides.
Autre exemple dans cette spécialisation : le High Speed : l’image de la goutte qui rebondit dans l’eau. Tout un domaine de photographie où l’on cherche à figer des instants invisibles. C’est un exercice peut-être différent, on cherche à figer un instant dans sa chute. Ce qui est important dans cette image est le graphisme de la goutte et de la surface, les couleurs, les reflets.
Il n’y a pas de mouvement particulier sur la photo de la goutte qui tombe. Pas de chorégraphie, pas de progression particulière, flip, axel ou autre. Elle chute et rebondit. La créativité ici est celle de la prise de vue et du rendu.
Une moto dans un virage, photographiée de face. Elle doit être nette. Elle est penchée puisqu’elle tourne. Première impression : elle va tomber. Puis notre cerveau nous rassure en nous rappelant qu’une moto dans un virage, en pleine vitesse, c’est comme ça. Ça penche et ça ne tombe pas. La même moto prise de profil à haute vitesse, avec les rayons de roues qui deviennent figés, ça gène également. Elle va aussi tomber.
Même chose pour un avion à hélices. Si les hélices sont figées sur le cliché, combien de temps va-t-il voler ?
La décomposition du mouvement
Le mouvement peut être mis en évidence de plusieurs manières. Une méthode est la décomposition du mouvement.
Sur les traces d’Etienne-Jules Marey, pionnier dans le domaine de la chronophotographie et du cinéma, Motion Sculpture est une amélioration avec des technologies modernes d’un concept qui date de … 1882.
Marey met au point le fusil photographique qui lui permet de photographier « sur nature » un sujet en mouvement sur douze poses. Cette « caméra » avait l’avantage d’être légère et mobile. Il invente la chronophotographie sur plaque fixe (au gélatinobromure) : à l’aide d’un seul objectif et avec des sujets clairs sur fond noir, une plaque photographique est exposée plusieurs fois par un obturateur rotatif.
Pour en savoir plus sur la chronophotographie, les pionniers et les techniques, voir ici le dossier.
L’utilisation du flou
Comment représenter le mouvement sur une photographie ? Comment alors faire ressortir l’intégralité et l’essence d’un saut en roller ? comment représenter l’évolution d’une chorégraphie sur une image fixe ?
Il y a de fabuleux photographes qui savent figer avec grand Art cet instant en suggérant cette notion de mouvement. Jouer avec les positions, les vêtements, les textures. Mais cela reste du mouvement figé.
L’effet filé
Une des méthodes pour représenter le mouvement en photographie est de garder le sujet net mais en rendant flou les autres plans : l’effet filé. Le mouvement est représenté. La contrainte principale est la capture d’une progression sur une distance courte et un mouvement rectiligne puisque l’appareil (le photographe) doit suivre le sujet pour qu’il apparaisse net.
Pour revenir à nos appareils photos lorsque nous sommes en mode « Sport », il devient de plus en plus difficile de faire une photo floue pour faire ressortir le mouvement. Il faut souvent passer en mode priorité vitesse ou en mode manuel pour « forcer » l’appareil à déclencher à petite vitesse, une vitesse qui sera suffisamment basse pour révéler le mouvement.
La photo ci-dessous est prise en mode manuel, à 1/40ème de seconde en essayant de suivre la tête du sportif. La tête devient la référence de la photo, montrant le reste en mouvement : le corps, la trottinette et la vitesse relative de cet ensemble par rapport au fond. En mode « Sport », cette photo aurait été parfaitement nette, effaçant cette notion de mouvement.
Pour conserver cette notion de vitesse, il est donc nécessaire de doser cette vitesse de capture. Suffisamment rapide pour figer le sujet principal, mais pas trop, laissant ainsi les parties mobiles floues.
La pose longue
La photographie a aussi utilisé pendant des années la pose longue. Les films (pellicules) n’étaient pas aussi sensibles que nos capteurs aujourd’hui. Il fallait alors des temps d’exposition très longs. Pourquoi sur les cartes postales d’antan il n’y a jamais de personnages ? Le fait de prendre l’image en pose longue ne faisait pas apparaître les sujets furtifs, avec mouvement. Ils ne restaient pas suffisamment longtemps pour que leur image (lumière) soit captée par l’élément photosensible. Ils étaient pourtant là.
Ce procédé ne représentait pas le mouvement. En fait au contraire il le supprimait pour faire apparaître la décomposition.
Le flou de mouvement
La méthode la plus utilisée est le flou de bougé. Il est souvent assimilé à une photo ratée. Reste au lecteur d’interpréter et d’imaginer le mouvement qui est présent sur le cliché. On en a tous dans nos archives. On en a tous jeté, effacé. Il faut pourtant avoir un second regard sur ces photos qui dévoilent le mouvement.
Mais attention, il y a plusieurs formes de flou :
– Le flou de mise au point. La photo est globalement floue ou la zone nette n’est pas sur le sujet principal. Avec nos appareils modernes, cela est très souvent dû à une mise au point de l’autofocus qui est faite sur une zone à côté du sujet, typiquement sur le fond. Cette photo là est en effet ratée, sauf à découvrir un détail qui avait échappé à l’œil dans le fond, lors de la prise de vue.
– Le flou de bougé. C’est bel et bien un flou de mouvement. Mais le mouvement du photographe qui fait bouger l’appareil. C’est encore une photo ratée, sauf effet particulier :
– Pour que flou fasse apparaître le mouvement du sujet, il faut une pose relativement longue par rapport au mouvement du sujet et un fond net, qui servira de référence à notre œil pour souligner le déplacement. Une absence de fond ou un fond uniforme (noir) fonctionne également. C’est celui que nous allons détailler dans le paragraphe suivant.
Révéler le mouvement par le flou
Comment montrer l’intégralité du mouvement ? Comment représenter le mouvement global et pas seulement le danseur dans une position en suspension ?
Le moyen le plus simple est d’imprimer la progression en pose longue, par rapport au mouvement du sujet. Le mouvement va apparaître dans son intégralité. Il sera uniquement flou et difficile à évaluer.
Plus le mouvement sera long dans le temps ou dans l’espace, plus la technique devra être maîtrisée. En Motion Sculpture, les sujets traités évoluent de quelques centimètres à quelques mètres. Dans le cas des déplacements longs, il y a des méthodes à définir et ajuster qui ne sont pas dans les pratiques photographiques habituelles.
Tout comme un portrait en image fixe, le travail consiste à positionner et façonner les sources lumineuses pour exposer correctement le sujet pendant toute sa progression.
La photographie de portrait est figée. On y applique les (6) éclairages standards, Rembrandt, Butterfly, split, etc, en considérant que le sujet est immobile. Il y a des recettes sur les positions des flashs, le type de diffuseurs, l’intensité de ces éclairages dans l’espace.
Dans le cas Motion Sculpture®, on veut capturer le mouvement. L’éclairage doit alors être optimal sur une progression de plusieurs mètres.
Similaire à de la vidéo ? Pas tout à fait. Un plateau de tournage, c’est une somme d’éclairages pour chaque position. Ces positions sont repérées et chaque intervenant doit se positionner correctement. On y fait des croix au sol pour placer le sujet de manière optimale.
Une vidéo de sport alors ? Presque. Mais il ne suffit pas dans Motion Sculpture d’inonder le sujet avec trop de lumière omnidirectionnelle.
Le flou Motion Sculpture doit permettre de révéler la troisième dimension spatiale dans le mouvement pour le sublimer. Faire apparaître le sujet et le mouvement avec une profondeur, c’est organiser l’éclairage pour qu’il puisse se réfléchir idéalement sur le sujet en mouvement. La sculpture du mouvement.
Une fois le flou de mouvement maîtrisé, il serait bien d’avoir une idée du mouvement en trois dimensions. Certains disent que la photographie c’est mettre en 2 dimensions une image en 3 dimensions. Je trouve cette présentation un peu simple car tout le travail réside dans le fait de suggérer cette troisième dimension sur une image. La première solution est l’utilisation de zones claires et sombres. Ce qui est clair sur une image semble plus près de l’objectif.
Une lumière rasante va augmenter le relief de ce qui est capturé tandis qu’une lumière de face va « écraser » le sujet. Un flash intégré sur l’appareil photo va rendre plat le sujet s’il est la source lumineuse principale. Pour la même raison, une lumière rasante pour un portrait marquera les imperfections et augmentera les reliefs. Largement utilisé dans les portraits des hommes pour marquer le travail du temps (sagesse ?) mais rarement utilisé dans les portraits féminins où on préfère une lumière plus omnidirectionnelle ou de face.
Révéler la vitesse par une vibration
Nous avons maintenant le flou et les trois dimensions spatiales. La notion d’un mouvement implique la double notion de l’espace et du temps. Le flou donne un aperçu du temps. Serait-il possible d’ajouter à la photographie une autre notion plus précise du temps sans en dénaturer l’image originale ?
Il manque une notion de vitesse relative au mouvement. Cette notion de vitesse relative était visible et compréhensible avec l’image stroboscopique.
Motion Sculpture ajoute une composante principale dans le flou : une modulation du flou. Cette modulation, plus ou moins douce, plus ou moins rapide donne une repère visuel subjectif dans la vitesse du mouvement de l’ensemble et des parties. Le mouvement rapide du bras, d’une jambe, les composantes de la chorégraphie et de la progression.
Nul besoin d’explication pour comprendre l’image. Tout est subjectif et clair. C’est du domaine de l’émotion et du ressenti.
Motion Sculpture: Sculpter l’invisible – Mystère et émotion
La rémanence de l’œil ne permet pas de voir un mouvement dans sa globalité. Notre cerveau fait le travail.
Motion Sculpture représente le mouvement dans son intégralité. Il est la mémoire de la lumière et du mouvement. Il dessine le mouvement avec cette notion de vitesse relative dans ses 3 dimensions.
C’est le cas de certains sports comme le golf. Comment en une seule image représenter le mouvement du sportif, du club et de la balle ?
Ajouter un repère visuel
Le flou Motion Sculpture peut être un tableau en lui-même. Mais nous avons souvent ce besoin de comprendre. Le mouvement, l’action, de qui ? de quoi ?
Un repère visuel doit alors être ajouté pour déchiffrer, clarifier, simplifier l’image finale. La danseuse en position de départ, pendant un saut sera figée par un éclair de flash.
Faites la comparaison entre la danseuse figée dans son saut sur une image « traditionnelle » et la même image accompagnée de l’effet Motion Sculpture. Ce sont 2 images totalement différentes. La première représente le sujet en équilibre dans les airs. On ne sait pas si elle monte, si elle descend ou si elle reste accrochée dans les airs. On n’a pas de notion de ce qui s’est passé dans les secondes avant cette suspension. Est-ce un mouvement ? une action ? Notre esprit « sait » que oui. Personne ne peut rester figé dans les airs. Notre logique apporte le complément d’information qui manque à cette image.
L’image Motion Sculpture apporte toutes les réponses en révélant le mouvement, la progression du sujet avant et pendant l’action ainsi que la vitesse.
Motion Sculpture® is a combination of a shooting process and picture rendering. Motion Sculpture does not require post-processing for the final image. It’s all done in a single shoot.
It fits sport motion particularly well and brings to the picture a dynamism, an artistic sense to the traditional motion photography.
In the footsteps of Etienne-Jules Marey, pioneer in cinema and still pictures, Motion Sculpture is an improvement with up to date technologies of a process dating back to 1882.
Marey designed the photographic gun that enabled him to shoot the motion of a subject through 12 poses on a single picture. This camera had the advantage of being light and mobile. More on Etienne-Jules Marey
A four dimensional picture
A traditional picture has 2 dimensions. We can add the notion of depth using different techniques such as
- Lighting, improving and enhancing the subject relief
- Type of light, soft, hard to play with the depth
- Playing with hard lights and shadows,
- Using the depth of field
- etc.
Motion Sculpture adds a key part to this notion by using the synchronicity of the light modulation and the strobes.
The fourth dimension is time. The light modulation speed being constant, the picture gives intuitive information about the motion speed, and for this reason it is adapted for sports.
The following picture using Motion Sculpture lighting is a single photo of a pencil hanging on a string. Looks like a dancer, right ? Single picture. Light is what matters with Motion Sculpture.
An Evolution compared to the stroboscopic picture.
Stroboscopic pictures have existed for ages and are used in motion decomposition. They are a very technical rendering. The addition of constant lighting brings a blur component, smoothing the picture, but not giving information on the speed between each strobe.
The following picture is a Motion Sculpture shot. Wavy blur for the motion traces and strobes to freeze action. A single picture. Mode B.